http://www.ombres-et-lumieres-du-moyen-age.net/pages/hygiene/hygiene.html
Blessures par flèches:http://raoul.perrot.pagesperso-orange.fr/la%20matiere%20medicale.htm
http://raoul.perrot.pagesperso-orange.fr/biographie%20de%20roger%20de%20parme.htm
La thérapie des blessures au Moyen - Age:http://anthropologie-et-paleopathologie.univ-lyon1.fr/HTML/HTML/La%20th%C3%A9rapie%20des%20blessures%20au%20MA_%20htm.html
Une pointe de flèche est la partie perforante d'une flèche, à l'opposé de l'empennage. Elle peut être amovible, en bois, en pierre, en os, et tous les matériaux inventés par l'homme.
Elle peut être trempée avant usage dans une substance toxique pour augmenter sa dangerosité, ou inflammable pour déclencher un incendie.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pointe_de_fl%C3%A8che
2.4 - Roger de Parme et Guillaume de Salicet
Aux XII - XIII° l’extraction des flèches préoccupe toujours autant les chirurgiens ! Roger y consacre 3 chapitres et Guillaume 22 ( sur 26 ) !
Roger pratique l’extraction comme ses prédécesseurs, son oeuvre est donc peu originale. En ce qui concerne les " traits barbulés" , voici la technique qu’il préconise : « on introduit une pince pour tordre les barbes et faciliter l’extraction et si cela est difficile, on applique un petit tube fin en fer ou en bronze à une barbe, on la prend dans la concavité du tube et on fait ainsi de l’autre côté, et avec beaucoup d’attention et de diligence on l’extrait convenablement. La même opération peut se faire avec deux plumes d’oie ».
• Dans les blessures de la tête, comme tous les autres chirurgiens, si le blessé ne présente pas de signes méningés graves, Roger préconise la trépanation.
De son côté Guillaume décrit avec beaucoup de précisions son traitement des blessures par armes vulnérantes, avec une importance marquée ( ainsi que nous l’avons déjà dit ) pour celles faites par flèche. Il recommande d’observer attentivement à quel type de trait on a affaire: simple ou barbelé, hampe visible ou bien cachée, entière ou brisée, etc... L’extraction va être différente selon que la flèche est apparente ou pas et, également, selon la partie du corps concernée.
Flèche apparente : « à la première visite, mollifie et fortifie la partie avec huile rosat, graisse de poule, jaune d’oeuf et un peu de safran mêlés et chauds (...)de façon qu’entre le manche de la flèche et le pourtour de la flèche soit introduite l’huile ».En cas d’hémorragie, elle est traitée en priorité, puis la flèche est extraite. Si la mobilisation s’ avère être difficile, Guillaume conseille de patienter trois à cinq jours, tout en continuant le traitement.
Pour extraire la flèche, notre Auteur emploie tenailles et procède ainsi : « Prends le manche de la flèche entre les tenailles dentées et affermis - le bien en pressant bien avec les mains sur la partie postérieure des tenailles, afin que les dents des tenailles s’impriment fortement dans le manche de la flèche, et lorsque tu auras fait ainsi, tourne les tenailles à droite et à gauche et ensuite tu ramèneras la flèche au point où elle a été en premier lieu, ou à travers lequel elle est entrée tout d’abord, et ainsi tu pourras extraire la flèche directement ».
Flèche non apparente: « Si la flèche ne se manifeste pas à la vue, cherche en explorant avec ta sonde (...). Si tu ne la trouves pas (...) alors mollifie et fortifie (...) jusqu’à ce que la flèche se manifeste (...) par l’effort de la nature ; et si elle ne se manifeste ( toujours ) pas, alors consolide la plaie et abandonne la flèche Si elle se manifeste (...)par le contact (...) alors tâche de mettre de l’huile rosat sur le manche de la flèche et de mollifier toute la partie de la blessure avec la même huile, pendant quelque temps, et lorsqu’il te semblera que la partie est suffisamment mollifiée cherche le moyen de placer dans le manche de la flèche une sonde faite avec un crochet (...) et enfonce le crochet dans l’ouverture du manche jusqu’au vide inférieur du manche (...) et tâche d’extraire la flèche. Nous avons nous - mêmes très souvent dilaté le lieu où se trouvait la flèche, après ce premier essai au moyen du crochet, ou de la sonde recourbée avec zégi ou vitriol duquel on fait l’encre, place dans le trou de la flèche ou dans lequel est la flèche.
Cas particulier des flèches barbelées : « si cachée ou visible, la flèche est barbelée, alors place une canule d’airain sur chaque barbe de plume d’oie et saisis alors le manche de la flèche avec tes tenailles et extrais à l’extérieur. Car alors en enlevant la flèche, ces barbes ne pourront s’introduire dans les tissus à cause de la canule d’airain ou de plume d’oie empêchant la pénétration et s’y opposant ».
2.5 - Henri de Mondeville et Guy de Chauliac
L’extraction des traits est pour ces deux auteurs, le premier point à considérer dans le traitement des plaies, démontrant une fois encore, l’importance de ce type de blessures.
L’exposé du traitement des blessures par traits tel que le conçoit Henri est remarquable par la densité de son contenu et par la méthode pédagogique employée.
Comme pour le traitement général des plaies, Henri se rattache à Théodoric, et oppose une méthode qu’il qualifie de moderne à celle pratiquée habituellement et qui consiste à laisser dans la plaie quelque temps « les corps enfoncés qui ne cèdent pas à une traction légère ».
Il préconise, au contraire, d’extraire « le plus tôt possible un objet quelconque enfoncé dans la plaie (...)que la force vitale se maintienne ou non et quels que soient les symptômes qui apparaissent, à moins que le patient et ses proches demandent instamment de n’en rien faire. Dans ce cas, le chirurgien accédera à leur requête, mais après avoir prédit le danger ».
Henri expose donc sa méthode avec beaucoup de minutie. Dans un avant - propos il attire l’attention du lecteur sur le fait que « tous les jours on fait de nouvelles espèces de traits, et par conséquent, il faut trouver une nouvelle manière de les extraire (...) aussi faut - il au chirurgien un prompt génie naturel ».
Par ailleurs, il recommande bien, si « l’extraction paraît difficile, avec grand risque hémorragique, de ne pas opérer, tant que le blessé ne se soit confessé ».
En ce qui concerne les différentes blessures par traits et leur manière d’extraction, Henri les introduit, sous forme d’un résumé, remarquable pour l’époque car ce n’est pas autre chose qu’une tentative de clé dichotomique ! Il écrit, en effet « il faut être attentif à deux choses : 1°) à l’extraction des engins fichés ; 2°) à l’extraction d’autres objets, morceaux de verre et autres semblables. Le premier cas en comporte deux : 1°) les engins ne sont pas empoisonnés ; 2°) ils sont empoisonnés. Le premier cas se divise en deux :1°) l’engin n’est pas barbelé ; 2°) il est barbelé. Le premier cas en renferme deux : 1°) l’engin fiché est creux ; 2°) l’engin est massif. Le premier cas en comporte deux : 1°) l’engin est fiché dans le corps non recouvert de l’armure ;2°) dans le corps recouvert de l’armure. Le premier cas en contient deux : 1°) l’objet fiché apparaît ; 2°) il est complètement caché. Le premier cas en renferme deux : 1°) l’objet apparaît suffisamment ; 2°) il n’apparaît pas suffisamment ».
Henri décrit sept manières d’extraction selon le type de flèche et de blessure. Dans l’ensemble, ses méthodes sont assez semblables à celles de ses prédécesseurs et contemporains. Nous insisterons seulement sur l’extraction des traits fixés « dans le corps d’hommes qui ont des armures » car cette dernière technique est originale.
Plusieurs possibilités peuvent se présenter selon : taille de la flèche, pénétration plus ou moins importante dans l’armure, risque d’hémorragie, etc... : « la manière de procéder doit être la suivante on prépare d’abord ce qui est nécessaire pour la plaie, et un armurier avec ses instruments enlèvera prudemment et délicatement l’armure, ou bien la lacérera après avoir coupé auparavant la hampe du trait, ensuite on retirera le trait. Il y a à ce procédé deux raisons : la première de crainte que si on arrachait dès l’abord le trait, il ne survienne un jet impétueux de sang que l’armure empêcherait d’arrêter ; la seconde raison est de crainte que le trait, une fois arraché de la chair, ne puisse être séparé de l’armure et que n’étant plus maintenu par les tenailles et revenant vers le corps, il ne pénètre de nouveau ».
Les techniques employées par Guy de Chauliac ne sont en rien originales, même certaines sont nettement rétrogrades ( une nouvelle fois ) par rapport à celles pratiquées par Henri de Mondeville. Le passage suivant le démontre bien : « si la chose fichée ne peut estre ostée bonnement au premier coup, elle doit estre laissée jusques que la chair amaigrisse et soit pourrie [ gare au tétanos!]et lors en contournant et remuant çà et là il sera plus légèrement retiré, nonobstant le dire de Henri qui commande qu’ils soyent arrachez tout incontinent, car ainsi le veulent Avicenne et Abulcasis ».
Henri de Mondeville et Guy de Chauliac proposent une curieuse utilisation de l'arbalète ou baliste pour déloger des flèches trop profondément enfoncées !
3 - Soins apportées aux blessures par flèche après extraction du trait
Systématiquement, après extraction du trait, il est recommandé dès l’ Antiquité « de répandre sur les blessures des remèdes adoucissants» ( Homère ). Les chirurgiens médiévaux ne vont, évidemment pas déroger à cette habitude et on note à la lecture des textes médicaux l’importance attribuée à toutes les substances à usage médical et , en particulier aux topiques cutanés.
L'homme blessé
Voici une planche d'anatomie médiévale. L'Homme blessé décrit toutes les blessures qu'un homme peut (à l'époque) subir. Admirez la figure stoïque. De chaque côté du dessin, on trouve des explications, et parfois un pronostic; parfois même, des distinctions précises sont faites entre les types de blessures, par exemple si une flèche s'est plantée dans un muscle ou l'a traversé (cette dernière option étant la meilleure, puisqu'on peut couper la flèche d'un côté, et retirer le bois de l'autre. Dans le premier cas, on arrache le muscle en sortant la flèche).
Soigner une blessure par flèche dans l’antiquité et à l’époque médiévale…
Flèches et carreaux ont fait partie de l’arsenal de toutes les armées depuis l’antiquité et jusqu’à l’avènement de la poudre noire. Confrontés aux blessures occasionnées par ces traits, les médecins et chirurgiens ont du trouver le moyen de traiter les combattants touchés.
Commençons par le commencement, l’antiquité. Celsus consacre un chapitre de son traité « De Medicina » à la question des projectiles. Il précise que la flèche peut être enlevée en la retirant, après avoir élargi la blessure de manière à pouvoir saisir la pointe avec un forceps. Dans le cas où la pointe est passée au delà du niveau de tendons ou de veines majeurs, il recommande de la faire sortir par l’autre côté, de manière à éviter que les barbelures ne sectionnent ces parties vitales lors du retrait. Il faut dans ce cas inciser à l’opposé, et aller chercher la pointe avec une pince ou les doigts…
Le chirurgien grec Diocles a d’ailleurs inventé un outil spécifique pour extraire les traits, dont hélas aucun exemplaire n’a été retrouvé. Il s’agit d’une sorte de cuillère dont le fond est troué, et que l’on fait glisser le long du fût de la flèche, puis passer sous celle-ci. Le trou permet de coincer la pointe de l’arme, et de remonter l’ensemble. Une fois la flèche extraite, on va nettoyer la plaie au vinaigre et appliquer différents baumes cicatrisants, avant de bander l’ensemble.
Le cas des blessures au thorax ou au ventre n’est pas abordé en tant que tel, mais l’auteur précise par ailleurs que toute blessure dans lequel l’intestin grêle est touché est mortelle.
Le premier point à noter est que les blessures par flèche, compte tenu de la largeur et des arêtes coupantes de la pointe, sont susceptibles de sectionner des tendons et nerfs, mais également des veines ou artères, causant de ce fait des hémorragies. Celles-ci nécessitent une intervention immédiate, et donc la présence d’un service de santé en première ligne, ce qui a rarement été le cas dans l’Histoire.
Le second point souligné par les chirurgiens est qu’il faut absolument se garder de retirer la flèche en tirant dessus. Une telle action a pour conséquence de sortir le fût tout en laissant la pointe à l’intérieur, et donc de compliquer largement la tâche du chirurgien qui ne pourra suivre le trajet du bois.
Le fer doit impérativement être enlevé, ses bords tranchants constituant une cause permanente d’inflammation et de blessure, sans parler des aspects infectieux. Si il est possible de vivre avec une balle dans le corps, tel n’est pas le cas pour une pointe de flèche. Les chirurgiens US utiliseront la cuillère de Dioclès (représentée ci contre), ou encore des fils métalliques entourant le fer.
Les blessures aux membres sont les plus simples, avec un taux de mortalité de l’ordre de 5% seulement. Dans de nombreux cas, la flèche traverse simplement le bras ou la jambe, et le traitement consiste uniquement a désinfecter et bander les plaies. Si le trait se fiche dans un os, l’extraction est bien plus complexe, car il faut souvent une traction extrêmement significative pour retirer la pointe. L’opération est souvent effectuée à l’arrière, et non in situ.
Les blessures à la poitrine sont bien plus dangereuses, à partir du moment ou la flèche passe entre deux côtes, car le poumon est touché dans plus de 50% des cas, avec des complications mortelles quasi systématiques. Les flèches ne traversent en général pas complètement, et se fichent très souvent dans les côtes, mais à l’opposé du point d’entrée. Le chirurgien repère dans ce cas l’emplacement de la pointe en bougeant le bois, et va tout simplement découper l’os dans lequel la pointe est plantée pour extraire la pièce métallique.
Les blessures à l’abdomen sont mortelles dans 90% des cas. Si le combattant évite une hémorragie immédiate, il succombe en général à une infection à partir du moment où l’intestin est sectionné.
Les blessures à la tête sont presque toujours fatales si la flèche traverse l’os et atteint le cerveau. Si tel n’est pas le cas, elle cause tout de même un enfoncement de la boite crânienne qui nécessite de réduire la fracture – sachant que le fait d’ôter le projectile suffit parfois à « redresser » la paroi osseuse.
Le combattant qui était armuré, ce qui limitait à coup sur la pénétration du trait, mais pouvait tout de même poser de sérieux problèmes pour accéder à la blessure. Celui qui retire une cotte de maille sait que l’opération est quelque peu complexe, et imagine facilement ce que cela pourrait donner avec une flèche traversant le tout…
http://www.armae.com/blog/soigner-une-blessures-par-fleche-dans-lantiquite-et-a-lepoque-medievale.html